Quand dîner devient un acte de leadership
- 10 avr.
- 3 min de lecture
En 2017, j’ai amorcé un nouveau chapitre professionnel en prenant la direction d’une nouvelle équipe. J’étais fébrile, remplie d’idées, confiante face aux défis à venir. Comme dans toute transition, je m’attendais à une période d’ajustement. Mais rien ne m’avait préparée à ce que le simple fait de dîner devienne un acte symbolique… et un déclencheur de transformation.
Dès mes premières journées, j’ai ressenti une certaine fatigue organisationnelle. Une culture de performance bien ancrée, où les limites personnelles étaient floues, parfois même inexistantes. Sans juger ce qui avait été mis en place avant mon arrivée, j’ai vite compris que l’équipe avait besoin d’un nouveau souffle, d’un espace plus sain pour retrouver sens, équilibre et motivation.

« C’est quoi ton heure de dîner? »
Un jour, une employée (particulièrement réactive au départ de l’ancienne directrice) vient me voir. Elle me demande, un peu sèchement :« C’est quoi ton heure de dîner? »
Je lui explique que, dans mon rôle, il m’est difficile de me fixer une heure précise. Mes journées sont rythmées par les rencontres, les urgences, les imprévus. Elle me répond :« Oui, mais avant, la directrice avait son heure. » Alors je lui demande :« Et si elle était en réunion, elle faisait quoi? »« Elle ne mangeait pas. »
Estomaquée. Vraiment. À ses yeux, ne pas prendre de pause semblait être un indicateur de performance.
C’était clair: j’entrais dans un système qui valorisait l’épuisement.
Briser le cycle
J’ai pris une grande respiration. Et j’ai répondu calmement :« Je vais être honnête avec toi : moi, j’ai l’intention de manger. »
Je lui ai aussi expliqué que je ne comptais pas m’inclure dans l’horaire de dîner collectif. Non pas parce que je ne me souciais pas d'eux, mais parce que mon rôle est de m’assurer que la charge de travail soit saine pour tout le monde, pas d’être un modèle de sacrifice.
Ce jour-là, j’ai mis ma première limite claire, avec douceur, mais fermeté. Et à partir de ce moment, tout a changé.
Du leadership en action
Ce simple échange a été le point de départ d’un réalignement en profondeur :
On a revu les horaires.
On a planifié les journées avec plus d’intention.
On a embauché pour mieux répartir la charge.
On a écouté, vraiment.
J’ai choisi l’écoute, la communication humaine et claire, et surtout, de monter l'exemple. Parce que si je veux que mes employés prennent soin d’eux, je dois leur montrer comment.
Ce n’est pas en se sacrifiant qu’on devient un bon leader. C’est en incarnant l’équilibre et le respect de soi, même dans les petits gestes.
Et maintenant?
Aujourd’hui, je ne dirige pas seulement une équipe. Je coach de futurs pionniers.
Des gens brillants, engagés, qui ont parfois juste besoin d’un espace pour respirer… et réapprendre à s’écouter.
Je veux qu’ils sentent qu’ils ont le droit de:
dire non
prendre une pause
remettre en question les anciennes normes.
Parce qu’une équipe saine commence par un cadre sain.
Et vous?
Si vous êtes un nouveau leader, vous serez sûrement tenté(e) de reproduire ce que vous avez vu. Mais ce n’est pas parce que “ça a toujours été comme ça” que c’est bon pour vous. Ou pour les autres.
* Osez être le modèle que vous auriez aimé avoir.
Et si vous hésitez à briser le moule? Je vous dirais ceci : la peur de déplaire sera toujours là. C’est humain. Mais elle ne devrait jamais contrôler vos décisions. Parce que laisser cette peur guider vos actions, c’est ça, le vrai danger.
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