Et si tu n'avais rien à justifier?
- Audrey Lessard 
- 28 août
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 août
Ce texte s’adresse à toi si tu as déjà hésité à parler de ta différence en entrevue.
TDAH, hypersensibilité, douance, anxiété, introversion, vécu atypique… peu importe le nom qu’on y met, la question revient souvent:

“Est-ce que je le dis… ou est-ce que je me tais?”
J’écoutais un épisode du podcast Diary of a CEO, animé par Steven Bartlett et à un moment, son invitée Emma Grede, cofondatrice de Good American et partenaire dans Skims a dit une phrase que je n’ai pas pu oublier.
“Je ne me suis jamais demandé si je devais justifier ma différence. Je l’ai toujours vue comme un levier.”
Elle parlait de son parcours en tant que Femme. Noire. Britannique. Propulsée dans l’univers souvent très blanc et masculin des affaires internationales. Et pourtant, jamais elle ne s’est demandé si c’était un frein, parce qu’elle n’a jamais accepté de porter ce regard sur elle-même.
Et là, dans la voiture, j’ai eu un flash.
Et si c’était ça, le point de bascule?
Combien de fois on entre en entrevue avec ce poids sur les épaules:
- “Je vais devoir expliquer pourquoi j’ai changé de domaine.” 
- “Je dois clarifier mon profil atypique.” 
- “Je veux nommer mon TDAH… mais sans que ça me ferme des portes.” 
Et si, justement, le vrai stress ne venait pas de qui on est… mais du fait qu’on se croit obligé de s’expliquer?
L’étude qui m’a frappée
Dans ce même épisode, ils mentionnent une étude menée auprès de groupes minoritaires.
Avant un test, on demandait à certains participants de répondre à une question sur leur identité: leur genre, leur origine, leur couleur de peau.
Résultat?
Ceux à qui on avait rappelé leur “différence” juste avant… ont systématiquement moins bien performé.
Pourquoi?
Parce que cette simple évocation activait une tension intérieure, un doute supplémentaire.
Et dans un processus aussi chargé qu’une entrevue… ça change tout.
Tu n’as rien à justifier
Et c’est ça que j’ai envie de te dire aujourd’hui.
Tu n’as rien à justifier.
Ni ta trajectoire. Ni ton fonctionnement. Ni ce qui fait de toi une personne entière, unique, vivante.
Tu peux, si tu le veux, nommer ce qui t’habite. Mais pas pour te faire pardonner, pas non plus pour minimiser les impacts, ni pour éviter les jugements.
Tu peux le nommer parce que c’est toi et parce que tu choisis de le faire depuis un endroit d’alignement.
Nommer ≠ Se justifier
Quand je dis “tu n’as rien à justifier”, je ne veux pas dire que tu n’auras jamais à répondre.
Oui, peut-être qu’on te posera une question sur cette pause dans ton CV.
Oui, peut-être qu’on soulignera ton parcours en zigzag ou ton style de communication différent.
Oui, peut-être qu’un recruteur demandera: “Pouvez-vous m’expliquer ce changement de direction?”
Mais ici, il y a une différence fondamentale.
Tu peux répondre avec clarté, expliquer avec alignement.
Ce n’est pas le contenu de ta réponse qui change tout. C’est ton état intérieur.
C’est la différence entre “je veux être accepté(e)”… et “voici où j’en suis, et voilà ce que j’apporte.”
La vraie préparation n’est pas toujours dans les mots
Elle est dans la posture que tu choisis.
Dans ta respiration, le ton de ta voix.
Dans l’histoire que tu te racontes avant même d’entrer dans la salle.
On ne t’évalue pas seulement sur ce que tu dis, mais sur ce que tu dégages. Et ce que tu dégages vient directement de ton niveau de confort avec toi-même.
En entrevue, tu n’as rien à prouver
Tu as une histoire à partager, des talents à nommer.
Et tu as le droit de choisir les mots qui te respectent. Tu peux répondre sans te rabaisser.
Tu peux expliquer sans t’excuser.
Tu peux être transparent(e)… sans sacrifier ta dignité.
Revenir à toi, même sous pression
Dans de nombreux parcours, on apprend, parfois très tôt, à anticiper ce qu’on attend de nous.
À bien paraître, bien performer. Aussi à répondre “comme il faut”.
Peut-être que toi aussi, tu as appris à décoder les attentes avant même qu’elles soient formulées. À ajuster ton discours, ton ton, ton langage non verbal.
À jouer un rôle pour rester “employable”.
Mais aujourd’hui, je te propose autre chose. Je te propose de revenir vers toi.
De ne plus te définir par ce que les autres veulent entendre…Mais par ce que toi, tu choisis de montrer.
Tu peux choisir de raconter ton histoire sans chercher à plaire. Tu peux décider que ta différence n’est pas un fardeau à justifier, mais une donnée neutre, pourquoi pas même un levier pour te propulser.
Surtout, tu peux apprendre à répondre avec ton corps entier, pas juste avec des mots.
À garder en tête avant une entrevue:
Est-ce que je peux répondre à cette question sans glisser vers l’auto-justification?
Est-ce que ma réponse vient de la peur d’être rejeté(e)… ou du désir d’être aligné(e)?
Qu’est-ce que je veux qu’ils retiennent de moi, après cette entrevue?
Et maintenant?
Respire, prépare toi et entre dans cette entrevue non pas pour “convaincre”, mais pour incarner ce que tu as de plus solide, de plus vrai, de plus vivant.
Parce que tu n’as rien à justifier, tu as juste à choisir comment tu veux TE raconter.





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