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Appartenir sans se perdre

Dernière mise à jour : 22 mai

« Sois le changement que tu veux voir dans le monde. » Gandhi
Deux femmes d’affaires souriantes, assises côte à côte devant un ordinateur portable, un café à la main. Elles semblent complices et détendues, concentrées sur un projet, dans une ambiance professionnelle et chaleureuse.
Appartenance

On la connaît, cette phrase. Mais cette semaine, elle m’a ramenée à une époque que je ne raconte pas souvent.


Une scène que je n’ai jamais oubliée

Pendant toutes mes années du secondaire, je vivais du harcèlement. Mais le pire, c’était les cours d’éducation physique.

Pas parce que je n’étais pas sportive. Bon d'accord, je ne suis pas une athlète non plus...Mais parce que, chaque fois qu’on formait des équipes, j’étais la dernière choisie. Toujours. Et pas en silence. Non, parfois, la personne qui devait me prendre dans son équipe demandait haut et fort au professeur:« Est-ce que je suis obligée? »

C’était brutal et ça laisse des traces.

J’aurais tant voulu être choisie dans ces moments-là. Faire partie de ceux qu’on choisit en premier. Les gagnants. Les visibles. Ceux qu’on valorise sans hésiter.

Et même si j’ai toujours eu des amis fidèles avec qui je pouvais être moi-même, ça ne compensait pas entièrement ce sentiment de mise à l’écart, répété dans d’autres sphères comme l’école ou le travail.

Alors, au cégep et au début de ma vingtaine, j’ai appris à faire l’inverse: je me suis effacée, j’ai tenté de m’adapter, de me fondre dans le décor, pour qu’on m’accepte, sans faire de vagues.


Heureusement, j’ai toujours eu des amis fidèles

Avec eux, je pouvais être moi-même. Et c’est ce qui m’a permis, petit à petit, de comprendre une chose essentielle: L’appartenance ne se quémande pas. Elle se construit avec des gens qui savent reconnaître ce qu’on apporte, même si c’est différent.

C’est dans ce climat de confiance-là, loin du jugement, que j’ai commencé à prendre racine. À me sentir assez solide pour, tranquillement, me montrer aussi ailleurs. D’abord dans de petits gestes. Puis dans des environnements plus larges. Cette confiance ne s’est pas imposée. Elle s’est bâtie, lentement, à force d’être vue telle que j’étais, sans avoir à me déguiser.

Mais ce n’est que plus tard, dans mon rôle de directrice, que j’ai vraiment saisi l’enjeu.


Le déclic

Un jour, en observant une collègue qui semblait "en marge", je me suis revue, à 15 ans. Et j’ai compris quelque chose de fondamental: Tout le monde a un rôle à jouer pour qu’un sentiment d’appartenance soit possible.

Ce n’est pas juste à la personne de s’intégrer, c’est à l’environnement de devenir plus humain et à chacun de nous de choisir comment on crée, ou non, de l’espace pour les autres.

Avec le temps, j’ai compris que ce que j’ai vécu n’était pas exceptionnel. Mais ce n’est pas pour autant que c’est banal. On porte tous des histoires qui influencent la façon dont on se rend visibles, dont on cherche notre place. Ce qui semblait être une bonne idée sur le moment, se faire discret, éviter de trop parler, devient parfois une façon subtile de s’effacer. Mais en s’effaçant, on ne contribue pas non plus à créer un véritable sentiment d’appartenance. On se coupe du dialogue, on se coupe du lien et sans le vouloir, on entretient exactement ce qu’on espérait voir évoluer. C’est un cycle. Et pour le briser, il faut parfois commencer par réapparaître. Et pourquoi pas, la prochaine fois, tendre la main à quelqu’un qu’on ne remarque pas d’emblée? Quelqu’un qui ne serait pas notre “premier choix”.

On pourrait être sincèrement surpris de ce qu’on découvre, et de ce qu’on change, juste en faisant ce pas-là.


Une appartenance qui commence doucement

Aujourd’hui, je sais que l’appartenance ne se trouve pas en jouant un rôle. Elle ne se gagne pas à force de se faire petit.

Elle commence en silence, parfois. Dans ces moments où on se permet d’être vrai et à l'écoute. Où on choisit d’arrêter de plaire à tout prix…et de simplement se permettre d’exister pleinement.

Et tranquillement, en assumant qui on est, on ouvre des espaces pour que les autres puissent faire pareil.

Parce qu’appartenir, ce n’est pas entrer dans un moule. C’est oser être soi, dans un monde qui n’existe que si on le crée, un changement à la fois.

1 commentaire


Être vrai et se permettre d'être soi-même. J'apprécie ta façon d'aborder le sujet d'appartenance, ça me rejoint. Merci pour le partage.

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