Et si c’était juste une question de constance?
- Audrey Lessard
- 16 mai
- 3 min de lecture
Après mon premier mandat de directrice, une nouvelle opportunité s’est présentée. Un poste totalement différent. Même avec de l’expérience, c’était un vrai pas vers l’inconnu.

Et c'est justement ça qui m’a freinée.
À ce moment-là, mon fils était encore jeune. Je voyais la montagne: les changements à implanter, les équipes à mobiliser, les responsabilités, la pression…
Et même si j’avais les compétences, je me suis surprise à hésiter.
Pas par manque de motivation. Mais parce que je voyais tout le chemin d’avance. Et ça m’a figée quelques instants.
Le nouveau = alerte pour le cerveau
C'est totalement normal, en neurosciences, on l’explique simplement: ce qui est inconnu est perçu comme potentiellement dangereux. Le cerveau n’aime pas ce qu’il ne peut pas prédire.
Même si ce nouveau projet est positif, motivant, aligné avec qui vous êtes…Votre système nerveux, lui, interprète ça comme une menace.
Je me souviens très bien d’un moment où cette vérité s’est imposée, physiquement. Le 1er janvier 2025, je me suis retrouvée à nager avec des requins, dans les eaux turquoise des Bahamas. Pas dans une cage. Pas dans un décor contrôlé. Juste… moi, l’eau et eux, bon d'accord mon conjoint et mon fils aussi.
J’ai toujours eu peur de l’eau. Et encore plus des requins.
Tout mon corps criait « danger ». Mes sens étaient en alertes. Et pourtant, rien n’était objectivement dangereux. C’était encadré, sécuritaire. Mais mon cerveau, lui, n’avait aucun repère, que de l’inconnu.
Et dans ces moments-là, ce n’est pas le raisonnement qui prend le dessus. C’est la panique, le besoin urgent de fuir.
Mais j’ai choisi de rester. De respirer. De faire confiance.
Et ce moment-là, je ne l’ai jamais oublié. Parce qu’il m’a fait ressentir, dans mon corps, ce que ça fait, l’inconnu. Pas en théorie, pas en coaching, mais en vrai. Brut et instinctif.
Depuis, chaque fois que je ressens cette alerte intérieure devant quelque chose de nouveau, je repense à cette plongée. Et je me rappelle que ce n’est pas la réalité qui est dangereuse…C’est juste que mon cerveau n’a pas encore de repères.
Le vrai changement commence par un petit pas
Ce souvenir m’a suivie bien au-delà de cette journée en mer. Parce qu’au fond, que ce soit dans l’eau turquoise des Bahamas ou dans un bureau de direction, le mécanisme est le même: notre cerveau résiste à ce qu’il ne connaît pas.
Et c’est exactement ce que j’ai vécu quand j’ai accepté ce nouveau poste. J’ai pris une grande inspiration. Je me suis dit: Un jour à la fois, donne le meilleur. Mais un jour à la fois.
Et j’ai avancé.
Pas besoin de tout réinventer. Pas besoin de devenir une autre version de moi-même. Juste besoin d’y aller avec cohérence.
Et j’ai eu une chance immense: celle d’avoir un gestionnaire qui croyait en moi. Qui m’a offert une grande liberté, de l’autonomie, de la confiance. Grâce à lui et à un environnement propice j’ai pu atteindre mon plein potentiel, à mon rythme, un pas à la fois.
Petit pas. Après petit pas. Avec une vision claire. Et surtout… avec constance.
Ce n’est pas le sommet qui est difficile
Tout, bien sûr, est une question de personnalité. Je parle ici de mon parcours. Peut-être que pour toi, ce n’est pas un enjeu. Peut-être même que l’inconnu t’excite, te stimule. Tant mieux. Mais dans mon cas, et dans bien des parcours que j’ai accompagnés, ce n’est pas si simple. Dans toutes mes années en gestion, c’était souvent le côté le plus passionnant… mais aussi le plus exigeant: Être toujours en train de se projeter dans l’avenir. Anticiper. Planifier. Voir loin. C’est une force. Une compétence clé du leadership. Mais c’est aussi un piège.
Parce qu’à force de regarder trop loin, on oublie de vivre ici. Et pourtant, c’est le moment présent qui permet de relativiser, de se dire: Ma vision long terme, je la connais. Mais maintenant, je reviens à l’essentiel.
Un pas à la fois.
C’est la pression qu’on se met avant même de commencer.
On visualise l’étape 5 alors qu’on n’a même pas encore posé le pied sur l’étape 1. On anticipe la montagne, les obstacles, les détours. Et pourtant…
Le seul vrai défi, c’est d’avancer. Même lentement. Mais avec intention.
Et c’est exactement ce que je fais aujourd’hui avec mes clients.
On ne transforme pas tout d’un coup, on clarifie, on pratique, on répète.
Et peu à peu… ce qui semblait inconfortable devient familier.
Et vous, c’est quoi le premier pas?
Pas besoin d’un grand plan stratégique. Pas besoin de maîtriser toutes les réponses avant de commencer. Parfois, ce qu’il faut, c’est juste un premier pas aligné. Et la permission de le refaire demain. La constance est plus puissante que le courage. Et l’évolution commence rarement par un saut spectaculaire…Elle commence souvent par une toute petite décision répétée.
Besoin de soutien pour clarifier ton premier pas?
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